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la femme à la fenêtre ( à suivre )

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Message par TITEFEE Mer 20 Nov - 17:53

La femme à la fenêtre

Nuit d'épines sombres
aux larmes d'étoiles grises
sommeil s'enfuyant
Elle observait l'indican
qui rehaussait l'horizon.

La fraîcheur sur ses épaules de marbre, l'enveloppait et la faisait frissonner, mais perdu dans cette vision son esprit oubliait tout ce qui n'était pas ce falot éclat de lumière, tremblant loin devant elle.
Il était donc lui aussi debout à cette heure où tout dort.

Que pouvait-il faire
A qui pouvait-il penser
Elle se torturait
Jamais elle n'avait compris
Son silence méprisant.

L'été avait laissé des herbes roussies aux talus que le vent moutonnait. Mais dans les ténèbres seul le souffle d’Éole, faisait bruire les feuilles de son cerisier dont une branche touchait son volet vert. Elle écoutait ce chuchotement essayant d'entendre un mot, un signe dans ce murmure feuillu. Elle était si tendue à cet exercice qu'elle croyait entendre son prénom «  Marie, Marie ». Elle croyait par instant devenir folle, folle d'amour et de chagrin, avec cet espace béant au creux de sa poitrine qui la grignotait heure après heure.

Tout là-bas, au loin
Lui, arpentait sa maison
La tête embrumée
L'écœurement insistant
le pliant en deux parfois.

Qu'ils étaient doux les jours, où au bord de l''eau vive, Marie et lui faisait des projets pour un avenir proche. L'amour l'avait cueilli, lui, l'homme pressé et papillonnant, qui butinait de fleurs en fleurs sans jamais s'attacher à aucune. Voilà que ce petit bout de femme, à mille lieux des beautés qu'il avait collectionnées depuis tant d'années, l'avait touché au cœur par son rire, sa vivacité d'esprit, son humour jamais ironique, et cette façon toute à elle d'être naturelle en toutes circonstances.
Elle n'était pas jolie non, mais pour lui elle était belle !

Regard étoilé
Des rondeurs à la Rubens
Une peau satin
Plastiquement potelée
Un régal pour la caresse.

Il aimait le parfum de fruits et de fleurs qui se dégageait d'elle lorsqu'il enfouissait son visage dans cette chevelure cuivrée.C'était comme s'ils s'étaient couchés tous deux dans un champs de blés à faire l'amour au soleil. D'elle il était ivre, et parfois il pensait n'avoir jamais connu qu'elle. Sa vie depuis ce jour de juin, avait effacé tout un passé d'errance. Il était plein de son image, et chez lui les photos agrandies de ce visage radieux le suivait partout où son regard se posait.

Toux et souffle court
Ce lit trempé de sueur
Dégoût au matin
l'inquiétaient depuis peu
Car lui rappelait son frère.

Il se souviendrait longtemps de ce jour fatal, où sous l'arc arrondi du scanner, le verdict le cueillit à froid. Carcinome bronchique, le lobe du poumon droit est atteint, mais pas de lésion décelable dans le poumon gauche était écrit dans la conclusion. Le lendemain il était à nouveau chez son médecin, Monsieur David, aux paroles rassurantes mais pressantes.
Allez mon petit, on va prendre le taureau par les cornes, et il y a de bonnes chances de vous en sortir. Mais surtout, vous jetez vos paquets de cigarettes. Il faut être drastique c'est le seul moyen de hâter la guérison. Je téléphone à l'hôpital Henriot, et vous commencerez le traitement dès demain s'ils vous trouvent une place.

Embarquer Marie
dans ce chemin de souffrance
Le corps défaillant
Je n'en ai pas le courage
J'ai peur de ma déchéance.

Il revient pour la première fois à son logis silencieux après la première cure.
Tout lui paraît étrange,
La maison semble l'attendre. Des pommes oubliées se sont ridées dans le fruitier et leur parfum suret flotte dans l'air. Sur l'évier, les chiffonnettes raides et sèches, voisinent avec le savon fissuré .Le verre sur l'évier conserve un dépôt blanchâtre, trace du dernier cachet avalé avant de partir.
Le répondeur téléphonique clignote sous les messages nombreux. Il les efface sans en écouter aucun, et las et triste va se recoucher.
Il se sent seul et misérable.
… à suivre

Marie aux aurores
Scrute la lueur orange
Qui brille là-bas.
Elle se torture et pleure
Elle ne comprend toujours pas.

Elle a déchiré plusieurs brouillons où elle le suppliait de lui donner une explication et puis se ravisant elle griffe le papier, rageusement. Comment avait-il pu la tromper de la sorte alors qu'il y a peu encore il lui disait les mots qu'elle avait toujours espéré entendre de la bouche d'un homme. Elle avait cru en lui , tellement, tellement, et la voilà blessée et furieuse contre elle d'avoir cru à ces paroles trompeuses

Savoir le pourquoi
De cet effroyable silence
Qu'a t- elle pu faire
Pour que tout vole en éclat
Et sans explication.

Le jour point aux carreaux, la rue s'anime, et la lumière toujours allumée, dans l'appartement de Fred, paraît plus pâle à mesure que se lève un soleil timide , dans un ciel moutonneux. Il va sans doute pleuvoir, car l'air sent l'ozone d'avant l'orage. Les heures tournent lentement à la pendule ce qui rend impatiente Marie qui a décidé d'aller frapper à la porte de Fred. Au moins elle saura à quoi s'en tenir une fois pour toutes

Les premières gouttes
Picorent le parapluie
Cristaux suspendus aux cils
Marie essuie une larme.

Elle marche tête baissée, le cœur battant, le rouge aux joues en serrant contre elle la dernière missive qui retranscrit en l'ayant épurée tout ce qu'elle avait jeté sur six feuilles de papier, un peu comme une confession ; La lettre à présent se résume à ce mots simplement
«  Pourquoi ? »

Elle la glissera sous la porte s'il ne lui ouvre pas, et partira sans rien dire, désespérée mais résignée. Cependant tout au fond d'elle résiste cette graine d'espoir qui lui fait entrevoir mille et mille raisons pour expliquer ce silence.
Ne lui avait-il pas dit qu'il devrait s'absenter peu de jours, la dernière fois qu'ils s'étaient vus ?
Peut-être qu'il a oublié en partant d'éteindre la lumière-
Mais il pouvait téléphoner !
Écrire,
il le faisait si souvent dans la journée et elle était à chaque fois émue lorsqu'elle entendait sa voix au bout du fil.
Oui mais peut-être n'a t-il pas de réseau là où il a du se rendre.... il va sans doute le faire maintenant très vite
Oui mais écrire, il aurait pu...
et ainsi elle passe de l'espoir au doute sans arrêt. Elle marmonne, se fait les demandes et les réponses, dans un conciliabule constant et douloureux avec elle -même.
TITEFEE
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