joiedevie Forum de Aziza Rahmouni
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

Le dernier couscous

5 participants

Aller en bas

Le dernier couscous Empty Re: Le dernier couscous

Message par Mona Ven 29 Juil - 16:57

لإبداع ذاكرة الإنسان
et tu es un bon créateur poétique
Mona
Mona

Nombre de messages : 574
Date d'inscription : 09/10/2010

Revenir en haut Aller en bas

Le dernier couscous Empty Re: Le dernier couscous

Message par karim safriwi Ven 29 Juil - 14:02

écrit traduisant les tourments de chacun en nous. je ne peut qu'aimer votre plume

karim safriwi
karim safriwi

Nombre de messages : 615
Date d'inscription : 03/07/2008

Revenir en haut Aller en bas

Le dernier couscous Empty Re: Le dernier couscous

Message par Abdellah Louaradi Jeu 28 Juil - 20:43

quand on a peur de perdre quelqu'un on aimerait le mettre en exergue,de le faire vivre en plein deuil même virtuel.
la dame en noire est toujours vivante,c'est la même qui détiendrait la clé de la mémoire bleue, avant et après l'enlisement de mon Soleil au coeur de l'est.
la peur , l'amour se conjuguent pour faire accoucher le ça et lacher les oiseaux pour transcender et chanter entre l'enfer et le paradis

Abdellah Louaradi

Nombre de messages : 148
loisirs : lecture,randonneés
Humeur : nostalgique
Date d'inscription : 11/06/2011

Revenir en haut Aller en bas

Le dernier couscous Empty Re: Le dernier couscous

Message par Abdellah Louaradi Dim 10 Juil - 15:19

merciiiiiiiiiiiiiiii Chadya pour ton message

Abdellah Louaradi

Nombre de messages : 148
loisirs : lecture,randonneés
Humeur : nostalgique
Date d'inscription : 11/06/2011

Revenir en haut Aller en bas

Le dernier couscous Empty Re: Le dernier couscous

Message par chadiya madihi Jeu 30 Juin - 16:22

beauuuuu partage
chadiya madihi
chadiya madihi

Nombre de messages : 957
Date d'inscription : 28/06/2008

Revenir en haut Aller en bas

Le dernier couscous Empty Re: Le dernier couscous

Message par yassine Lun 13 Juin - 14:51

beau texte bravo le nouveau.mes amitiés & bienvenue à vous
yassine
yassine

Nombre de messages : 713
Date d'inscription : 21/03/2010

Revenir en haut Aller en bas

Le dernier couscous Empty Le dernier couscous

Message par Abdellah Louaradi Lun 13 Juin - 13:13

Le dernier couscous
Le jour où je partirais, j’irai seul, sans nom, sans repères ; mon voyage, je le dicterai à mes croque-morts, à mes fossoyeurs. Je négocierai le coût des sentiments, des déchirements, le prix du cercueil en bois rare et sauvage du genévrier rouge, des parfums exotiques d’une distillation divine.

Je serai là, debout, veillant au grain, les yeux ouverts après avoir été fermés, l’allure vive, le corps sur son trente et un funèbre, en attendant la faucheuse pour partir les pieds devant, en odeur de sainteté, bien ficelé embaumé par des effluves émanant des îles du paradis virtuel, bien orienté vers l’Est, vers les origines, le corps ne supporte plus le poids de tant d’histoires qui ne s’achevaient jamais…

Je serai là, au four et au moulin, à la maison de Dieu et chez moi, pour préparer la valise, en peau de chèvre où je rangerai soigneusement mes livres, mes bribes de poèmes, quelques souvenirs virtuels, mes courriers, mes photos et même mes adversités et mon désarroi. Le départ ressemblerait à celui d’une fin tragique d’un roman sombre.

Le jour venait de se lever, écrasé par la longueur et le froid des nuits hivernales, les champs manquaient de crucifères, de coquelicots, les asphodèles commençaient à tendre leur inflorescences en priant le ciel d’une belle manière colorée et symétrique. La rigueur faisait givrer les hommes et les bêtes, le sang et les sèves, les essences et les âmes errantes ; un hiver pas comme les autres. De mémoire, je scrutais les territoires, sans carte, sans raison, les souvenirs jaillissent, sous la pression du temps absurde et des péripéties interminables.

Sous un ciel gris, sans soleil, sans repères, je marchais vers ma destinée, empruntant des chemins jamais foulés par des vivants, je marchais, croisant le vide, le Néant et quelques âmes végétatives, j’allais regagner le sublime, le pur et l’intemporel. Des châteaux quittés par leurs maîtres, des zones bleu vert défilaient devant mes yeux fermés me rappelaient des contes Vosgiens et berbères.

Je cueillerai moi-même des raisins secs, ramasserai des carottes sous le regard de mon ange gardien tenant le bâton, veillant au moindre geste des communs des mortels, des touffes de persil sentant la terre et les atomes d’anciennes étoiles éclatées aux frontières du déclin … J’apporterai des choux d’Aghbal, car le chou de Bruxelles ne plairait pas aux Fkihs qui ont le gosier et le « gésier » allergiques à tout ce qui viendrait de l’autre rive.

Je marchais longuement vers l’Est, passant par des villages, douars, joliment niellés dans la cordillère qui me tient compagnie depuis l’An II après la Descente de la montagne sacrée. La nuit je rêvais de noces blanches, sans témoins, de noces qui finiraient toujours par une césarienne, dans la douleur je me réveillais, la douceur, on en parlera plus tard.

Une fois arrivé, debout, les arbres attendirent avec impatience, les branches tremblaient de froid et de peur, les plantes exsudent, les cœurs se fragilisent, la Dame en Noir n’était pas loin. Tout près d’une grotte espionnant les ressacs des vagues contre les falaises, comme des rêves qui se fracassent contre le mur de Berlin, contre une frontière entre deux pays arabes.

Le sous bois était très calme, des fougères colonisaient l’espace, des lichens collés aux troncs d’arbres regardant le Nord, vers la Qibla des brûleurs, chercheurs de fric et de blondes … combien de rêves avaient coulé dans la grande mare.

Usant de deux branches de pin maritime à aiguilles verdoyantes, j’allumai un feu : une fine colonne de fumée sentant l’encens d’Alep, montait, transcendait en éclaireur, c’était question de préparer la grande ascension.

Une marche vers le déclin, la fin ,vers le début de l’absurde ; une marche rythmée par le silence des morts et celui des vivants . En retournant vers les origines, je contemplais le Monde bas, les plages de Bkhata, les sentiers battus par les fantômes des contrebandiers, les lumières de Bab Al Assa et celles de la cité sacrée au bord de la rivière maudite et hantée par les jinns probablement d’origine arabo-berbère.

Par manque de lumière et de fruits émanant d’une gynécée possible, d’anciens rayons issus de Benimester, pas loin de la cité andalouse, ont accompagné mes arrières- grands-parents qui prirent leur destin en main et s’installèrent aux Béni Znassen.

L’heure approche, les sentiments s’étiolent, les fonds se retournent. Las, le vieux de Saint Jean se redresse malgré les coups de Soleil froid et perfide. Personne, plus rien, même les abeilles d’hiver et les loups affamés ont quitté le secteur. Soudain, une femme surgît des parages, drapée, intégralement voilée, au bon milieu de son chemin elle me montra son visage, quelle beauté ! Sans me demander la permission, elle décida de préparer le couscous funéraire, elle avait tout prévu, apporté : les sept légumes, les sept arômes, le couscous à base de semoule, le dhen, les sept prières accompagnant le cortège, les cuillers en bois de genévrier, un grand plat en argile extrait d’ un flanc de sol, pas loin de la cité des morts.

La Dame tout habillée en Noir, heureuse jusqu’à la béatitude, une sainte fraîchement canonisée, elle allait perdre son compagnon, toute seule pleurant à larmes chaudes, elle arriva à finir la préparation du grand couscous pour fêter le grand départ. En attendant le troubadour de Msirda Thata qui annoncera la fin de mes jours et le début des siens ; des chemins croisés ! Le sourire ne la quitta jamais.

Des vies se perdent, se suivent se côtoient…l’absurde.

Elle était la seule à pleurer, n’était ni copte ni Chaldéenne, le noir lui convenait, elle savait que je partirais dans l’autre sens des normes, des coutumes, dans l’autre sens des funérailles.

Le couscous est prêt, l’âme était sur son point fixe, elle allait rejoindre les origines premières. Le temps pluvieux, le silence religieux, sauf une voix douce psalmodiait des versets de la sourate Yassine.

Elle a été élue pour guider le cortège, revêtue en noir, au lieu du blanc, à visage découvert, à haute voix, elle prêchait à huis clos, commentait, marquait le départ de son compagnon. Cette dame, une douce mère, une épouse, une sœur, une fille, une voisine, une amie, bref l’âme qui accompagnait les airs tristes expirés par un accordéon orphelin.

Toute seule, elle psalmodiait un Oratorio, comme si elle était dans l’enceinte de l’Opéra Garnier, chantait mon départ ; elle allait devenir folle de joie, folle d’avoir l’honneur de préparer mes propres funérailles ; …

Ma compagne marchait toute seule derrière le cortège qui ne comptait que deux inconnus, apatrides, sans origine et sans destination. Elle tremblait en récitant des berceuses pour me faire oublier mon chemin et m’aider à dormir pour longtemps. Sa voix est devenue rauque, son visage mouillé, elle priait, priait sans relâche pour que Dieu soulage son ami, son mari, son compagnon, elle priait infiniment…

La belle de St Jean s’arrêta et ordonna aux inconnus de poser la dépouille ; en me couvrant de son voile et ses larmes chaudes, elle m’inhuma ; contrairement aux coutumes, plantant une infinité de fleurs rouges sur ma tombe, elle cacha ses dernières larmes et continua à pleurer en silence.

Elle rentra, le couscous est encore fumant. Invoquant les sept saints et les deux saintes qui ceinturent ma ville, elle déposa le grand plat sur le toit d’une vielle maison qui n’était que la crèche sis 28,rue de Saint Jean, quittée par ses occupants, personne n’était là pour goûter au plat, partager les douleurs ; c’était le dernier couscous.

[left]

Abdellah Louaradi

Nombre de messages : 148
loisirs : lecture,randonneés
Humeur : nostalgique
Date d'inscription : 11/06/2011

Revenir en haut Aller en bas

Le dernier couscous Empty Re: Le dernier couscous

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum